Le confinement est venu remettre en lumière cette lancinante fatigue chronique. En effet, en étant contraints de rester à la maison, de nombreux français souffrent aujourd’hui du syndrome de fatigue chronique. Mais, comment se manifeste-t-elle ? Comment la diagnostiquer ? Est-il possible d’en venir à bout ?
Le syndrome de fatigue chronique, une pathologie mystérieuse
De nombreux français souffrent, depuis ce qu’on a appelé les « Covid longs », d’encéphalomyélite myalgique « syndrome de fatigue chronique » ou EM/SFC. Selon le Dr Alaa Ghali, spécialiste de médecine interne au CHU d’Angers : « Il faut bien distinguer ce syndrome des autres causes de la fatigue chronique telles qu’une maladie neurologique, un cancer, des désordres hormonaux, thyroïdiens, une insuffisance cardiaque, un diabète ou encore une maladie auto-immune ». Ce médecin fait partie des rares spécialistes de cette pathologie en France.
Une fatigue qui n’est pas psychosomatique !
« Une chose est certaine, il ne s’agit en aucun cas d’une maladie psychosomatique, comme on l’entend encore trop souvent (…) Il ne s’agit pas non plus d’une dépression, même si au fil du temps ce syndrome peut générer une tendance dépressive, car le patient subit la dégradation de son état », de l’aveu du Dr Alaa Ghali. Selon lui, il faut donc éviter d’entretenir une certaine confusion. Pour Arnaud Harislur de l’Association française du Syndrome de fatigue chronique : « La difficulté, c’est qu’il n’existe aucun bilan biologique pour objectiver cette maladie. Le diagnostic est clinique, or très peu de médecins connaissent cette affection, d’où une errance diagnostique de 6 ans en moyenne. Mais lorsqu’une fatigue dure plus de 6 mois, qu’elle s’accompagne de brouillard cérébral et que le repos ne l’améliore pas, il faut y penser ».
Le Pacing : une approche efficace
Il est bien difficile de dire qu’il existe un traitement à cette affection qui touche votre dynamisme et votre vivacité. Par ailleurs, de nombreuses instances de santé américaines recommandent de recourir au Pacing. C’est ce que nous révèle le Dr Ghali : « Aujourd’hui, il n’existe pas de traitement médicamenteux contre cette forme spécifique de fatigue (…) Le Pacing est la seule approche ayant fait ses preuves dans cette indication ». En effet, c’est une méthode qui enseigne au patient la capacité de rythmer et d’adapter leurs activités physiques, intellectuelles et émotionnelles à leur niveau d’énergie du jour. Par cette méthode, il peut planifier son repos pour pouvoir refaire le plein de batterie. Plus concrètement, le jour où le patient se sent capable de courir ou de marcher pendant 30 minutes, il le fait en pensant à se reposer. Et si le jour d’après il ne s’en sent pas capable, il est libre d’éviter de faire un quelconque effort physique. Pour Arnaud Harislur : « Cette approche très spécifique permet d’éviter le malaise post-effort, caractérisé par un intense rebond de fatigue (…) Ce malaise, encore qualifié de « crash » par les patients, peut intervenir juste après l’effort, mais parfois seulement dans les jours qui suivent. D’où la difficulté à faire le lien ».
Oxygéner le corps
« Le Pacing s’avère très différent des programmes de reconditionnement à l’effort encore trop souvent préconisés dans cette indication (…) Il n’y a pas d’objectif à atteindre, pas de programme à suivre, seul le niveau de forme ressentie par le patient doit guider et orienter l’effort. Attention toutefois : le Pacing n’est pas du repos. Il s’agit de faire des activités, mais dans les limites de ce que l’on peut faire. Dans ces conditions bien précises, le niveau d’énergie va peu à peu remonter et les patients vont pouvoir entrer dans des phases de rémission de plus en plus longues (…) La cohérence cardiaque, le chant, les pranayama doux du yoga, la respiration consciente en pleine nature… sont recommandés. « Tout ce qui augmente l’oxygénation du corps est favorable », explique clairement le Dr Ghali.