Si vous passez vos journées à vous plaindre de tout, de considérer que rien ne marche autour de vous, alors vous souffrez certainement du syndrome de Calimero. Si parfois on peut vous comprendre, cette attitude met généralement votre entourage mal à l’aise, au point de s’agacer. Mais, qu’est-ce qui peut bien pousser une personne à se plaindre en permanence ? Existe-t-il une possibilité de s’en départir ? Le Dr Saverio Tomasella, psychanalyste, nous renseigne sur le sujet.
Qu’est-ce que le syndrome de Calimero ?
Qui de mieux que le Dr Saverio Tomasella, psychanalyste et auteur de l’ouvrage intitulé Le Syndrome de Calimero (éditions Albin Michel), pour définir ce syndrome. Selon le spécialiste : « Le syndrome de Calimero désigne la tendance à se plaindre, c’est-à-dire à communiquer par le biais de la plainte ». En clair, c’est le fait de ressentir toujours le besoin de mettre en lumière ce qui ne va pas, les injustices ou les souffrances des autres. Tel l’oisillon malchanceux, il nous arrive à tous de nous lamenter. Et rien n’échappe vraiment à cet état : que ce soit la politique, les finances, la météo, les transports, la misère, la méchanceté des gens…
En réalité, nous souffrons tous de ce syndrome à des moments précis de notre vie, surtout quand rien ne marche. On a l’impression que le ciel nous tombe sur la tête. Forcément, on se plaint. Légitimement, selon Saverio Tomasella, car selon lui « Lorsqu’elle s’appuie sur quelque chose de réel, factuel et d’actuel, la plainte est positive car elle permet un progrès ». Le but ici est d’améliorer sa situation, de changer les choses. En revanche, certains plaintifs en ont fait une activité à part entière, il ressente le besoin de tout peindre en noir. « Quand il s’agit soit d’un problème ancien qu’on ressasse, soit d’une façon d’être qui est de râler, la plainte est néfaste », poursuit le psychanalyste.
Pourquoi les Calimeros se plaignent-ils tant ?
« On se cache derrière la plainte plutôt que d’être soi-même, oser exprimer qui on est, ce qu’on ressent vraiment. C’est un peu une facilité, comme parler de la pluie et du beau temps parce que ça met une sorte d’écran entre soi et les autres », explique le Dr Saverio Tomasella. C’est la meilleure façon de cacher un mal profond qui nous ronge. Par ailleurs, « la plupart du temps, les personnes qui se plaignent beaucoup souffrent vraiment », car c’est l’expression d’un mal-être, d’une souffrance vis-à-vis d’une personne. « Un enfant, un adolescent ou même un adulte qui n’a pas été entendu alors qu’il a subi une injustice va avoir un côté plaintif. Quand en thérapie, il se rend compte que c’est dû à une de ses douleurs qui n’a pas été entendue, les plaintes s’arrêtent », poursuit le spécialiste.
Enfin, pour d’autres c’est l’expression d’un sentiment d’injustice : « Il s’agit de personnes qui, au-delà d’elles-mêmes, voient des injustices qui les révoltent et donc vont se focaliser là-dessus et parler préférentiellement de ces sources de révolte. (…) Un engagement politique, féministe, syndicaliste ou écologiste peut également faire qu’on a tellement d’informations sur la misère dans le monde, sur le réchauffement climatique, le machisme ambiant, qu’on va avoir tendance à communiquer uniquement sur cela ».
Que faire face à un proche qui se plaint tout le temps ?
Ce que vous pouvez faire pour aider un proche qui souffre du syndrome de Calimero c’est avant tout les écouter : « en prenant le temps de l’écouter et lui demander ce qui ne va pas », selon le psychanalyste. Et si la personne devient bien trop négative « Il faut dire les choses avec douceur et fermeté pour que la personne se rende compte qu’une blessure d’enfance qui n’est pas guérie a besoin d’être soignée ».