L’enfant vient se coucher avec ses parents, la plupart des parents en ont déjà fait l’expérience. Pour certains, c’est même régulier de voir leur enfant débarquer en pleine nuit dans le lit parental pour y dormir. Il se trouve que cette situation, si elle peut se comprendre compte tenu des difficultés de sommeil et des peurs des enfants, devient très embarrassante pour les parents. Dès lors, que faire ? C Catherine Verdier, pédopsychologue, nous donne quelques conseils.
La peur des monstres et des difficultés à se rendormir seul
La question est de savoir pourquoi ce changement brusque pour un enfant qui avait pourtant l’habitude de dormir seul ? À cela, Catherine Verdier pense que : « Pour lui, c’est un moment agréable, c’est un moment sécuritaire, de câlins. (…) Il peut y avoir de multiples raisons pour lesquelles il veut se faufiler dans le lit de papa et maman, et il faut savoir les trouver et les comprendre ». Ce sont donc ces raisons qu’il va falloir élucider. La spécialiste poursuit : « Il y a aussi des enfants qui font des terreurs nocturnes, qui hurlent au milieu de la nuit et semblent éveillés, mais sont encore en réalité dans une phase de sommeil ». Ces peurs font partie du processus de croissance de l’enfant et apparaissent très souvent à partir de la deuxième année.
Une position œdipienne
Il faut savoir que le lit parental est avant tout un lieu d’intimité, alors pour certains parents, devoir partager le lit avec leur enfant peut être très gênant. En voulant s’y faire une place, l’enfant se place directement dans ce que les psychologues nomment le complexe d’Œdipe : une phase où il cherche à s’immiscer dans la relation de couple et a un comportement de rejet vis-à-vis du parent de même sexe. Selon la pédopsychologue Catherine Verdier : « Tout dépend en réalité si l’enfant réussit ou non à pousser l’un des parents hors du lit pour prendre sa place, explique Catherine Verdier. Si dormir dans le lit parental reste exceptionnel, ça ne pose pas de problème. En revanche, il y a un vrai dysfonctionnement si cela devient régulier. Ce n’est bon ni pour le couple, ni pour l’enfant ».
Pas de problème si cela reste épisodique
« Certaines familles établissent même une routine quand l’enfant est vraiment en demande d’affection et de sécurité, en l’autorisant à dormir une fois par semaine, par exemple le vendredi, avec papa et maman », de l’avis de la psychologue. Une fois que c’est régulé et limité dans le temps, cela ne pose aucun problème. Ça peut même être « agréable pour tout le monde ».
Par contre « quand l’enfant ne peut plus s’endormir seul, ou ne peut plus dormir sans la présence des parents à ses côtés, cela devient un souci. Certains ont ainsi besoin de tenir la main d’un de leurs deux parents pour s’endormir. Cela peut prendre parfois une heure, deux heures : ça n’est pas possible ». Il urge donc de prendre des mesures pour rétablir l’équilibre normal des choses et lui permettre de retrouver l’envie et le courage de dormir à nouveau seul.
Que faire si son enfant continue à se faufiler dans le lit des parents ?
Selon Catherine Verdier : « chaque cas est unique, car tous les enfants n’ont pas le même tempérament ni les mêmes besoins. C’est donc à chaque famille de trouver ce qui peut être mis en place pour accompagner l’enfant vers son autonomie. Ce n’est pas au beau milieu de la nuit qu’il faut commencer à s’énerver, cela risque d’être encore pire ». En clair « il faut prendre le temps d’instaurer une routine pour aller au dodo ». Des lectures avant le coucher par exemple, passer un peu de temps avec l’enfant avant qu’il ne s’endorme dans sa chambre, mettre une lampe à chevet dans sa chambre, s’il a peur du noir…
« Il est aussi important de le préparer à entrer dans le sommeil tout seul en verbalisant : lui dire qu’il est l’heure d’aller au dodo, qu’on l’aime et qu’on se retrouve le lendemain matin, que papa et maman sont juste à côté s’il a besoin, mais qu’il est important qu’il dorme dans sa chambre toute la nuit ».