De nombreux parents sont confrontés à la réalité des dangers auxquels sont exposés leurs enfants, notamment avec la montée en puissance des réseaux sociaux et internet. Alors, certains décident de surveiller leurs enfants, avec des montres tracking, des micros secrets et d’autres applications d’espionnage. Mais, est-ce vraiment une bonne chose ? Ne doit-on pas les laisser vivre leur vie et faire leurs propres erreurs ? Vanessa Lalo, psychologue spécialiste des usages numériques, partage avec nous quelques conseils.
La surveillance ou l’espionnage ?
Selon Vanessa Lalo : « On a le sentiment de vivre dans un monde plus dangereux… alors qu’il est simplement plus anxiogène, à cause du déferlement non-stop de faits divers sur les chaînes d’info en continu ». Voilà qui augmente la suspicion des parents qui tremblent à l’idée de voir leurs enfants dans ce monde. Alors, ils multiplient les stratégies de surveillance, entre AirTag d’Apple, des montres tracking, applications de localisation sur iPhone… Tout est bon pour espionner ou surveiller leurs enfants. Mais, n’est-ce pas une intrusion dans leur vie privée ?
Vie privée
Si vous êtes responsable de vos enfants et que vous ferez tout pour les protéger, la barrière est mince entre la surveillance et l’espionnage. Ils ont également droit à une intimité. La violation de leur espace secret est une intrusion dans leur vie privée. Claire Hédon, défenseurs des droits de l’homme, a fustigé ce qu’elle appelle l’effacement de la vie privée des enfants. Selon Vanessa Lalo : « Dans les années 1950, les enfants avaient 10 km d’autonomie. Aujourd’hui, ils n’ont qu’1 km, ce qui ne les encourage pas vraiment à grandir ».
Pulsion scopique
La plupart des parents sont envahis par la pulsion scopique, cette volonté de tout savoir, de tout voir, de tout contrôler. Savoir exactement où se trouve votre enfant et ce qu’il fait, ne satisfait pas toujours ce désir frénétique de contrôle parental. Les outils se heurtent au principe de réalité : la batterie peut tomber à plat ou l’enfant s’attarder avec un copain sur le trottoir. Plus les enfants sont surveillés, moins ils développent leurs capacités d’autonomie. C’est en tout cas ce que révèle la psychologue : « Un enfant trop surveillé peut développer une anxiété, voire se mettre à mentir pour préserver sa part de liberté, analyse Vanessa Lalo. Le vrai geste éducatif serait d’apprendre aux enfants à se repérer dans le monde réel, à se protéger et éviter les dangers…»
Choisir la transparence
Pour que les enfants adhèrent facilement, il faut opter pour la transparence, que ce soit pour les outils de géolocalisation ou de tracking. Pensez à prendre son avis, rassurez-le, faites-lui comprendre que c’est pour son bien. Par ailleurs, il faut le faire en toute sincérité, et éviter surtout de paraître suspicieux ou intrusif. Car, certains dispositifs de tracking ne sont pas vraiment éthiques et convenables. C’est le cas avec la montre tracking, l’appli Findmykids, qui permet d’activer le micro de son enfant à distance, ou Ourpact, qui prend des captures d’écran de l’activité Internet des enfants… Il faut plutôt privilégier la confiance et leur laisser la main. « De toute façon, un jeune se débrouillera toujours pour “oublier” son téléphone ou bien sa montre chez un copain… pour préserver son espace intime. Et c’est la condition sine qua non pour grandir », conclut la psychologue.