Entre disputes, coups, infidélité ou trahison, le mariage n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Après des mois, voire des semaines à vivre ce calvaire, il arrive qu’on envisage le divorce. Mais avec les enfants, est-ce une bonne idée ? Doit-on rester en couple pour les enfants ou divorcer quand tout va mal ? Christine Arbisio, psychanalyste et autrice de : « Le bilan psychologique avec l’enfant, clinique du WISC-V » (Dunod), nous apporte des éléments de réponses.
Quand le conflit est ouvert, que faire ?
« Quand le couple va mal et multiplie les scènes de ménage, les menaces de divorce, surtout devant les enfants, mieux vaut se séparer. Il faut que les parents aillent bien pour que les enfants aillent bien aussi. Sinon, selon leur âge, ils peuvent avoir des troubles du comportement, connaître une agitation, avoir des problèmes anxieux ».
Devrait-on éviter de se séparer à certains moments importants dans le développement de l’enfant ?
« Il faut en effet éviter le moment de l’Œdipe, entre trois et six ans. C’est l’âge où l’enfant veut épouser le parent du sexe opposé. Une séparation à ce moment-là reviendrait à exaucer son vœu inconscient et à le faire culpabiliser. Au moment de l’adolescence, ce n’est pas souhaitable non plus. C’est l’âge où le jeune lui-même, déstabilisé, se cherche. Cela peut accentuer son mal-être. L’enjeu d’un travail de psychothérapie consiste à mettre en lumière les conséquences inconscientes d’une séparation mal préparée, mal amenée ou plus simplement, mal supportée ».
L’insécurité émotionnelle de l’un des parent, comment ça rejaillit sur l’enfant ?
« Lorsqu’un parent se sent mal ou se sacrifie, cela rejaillit toujours sur l’enfant. Il peut se sentir coupable. Est-ce à cause de lui que son parent s’interdit le bonheur ? L’enfant se sent responsable de son parent, et impuissant. Dans le cas d’un père ou d’une mère mal dans sa peau, la progéniture devient l’enfant-thérapeute en charge de re-narcissiser et de réconforter son parent, prenant alors une place qui n’est pas la sienne ».
Que dire à l’enfant en cas de tension dans le couple ?
« Il faut lui dire qu’il n’y est pour rien, que ce sont des histoires d’adultes. Lui c’est lui, eux c’est eux. C’est encore tout l’enjeu d’une psychothérapie ».
Comment expliquer à l’enfant la cohabitation parentale, chambre à part ?
« Cela ne regarde pas l’enfant. Le « on reste à cause de vous » a bon dos. C’est une manière de ne pas prendre ses responsabilités. Il peut y avoir des causes plus profondes à la difficulté à se séparer. Des causes internes au couple. C’est au cas par cas. Certains adultes ne supportent pas l’idée de la séparation car cela les renvoie à l’abandon, à la peur de vieillir seul.e. Ou de reproduire un schéma d’échec (modèle parental). Ils peuvent aussi rester ensemble pour des questions d’ordre matériel (crédit de la maison, aisance financière). Rester pour ses enfants, en réalité pour soigner l’enfant qu’on a été (enfant orphelin ou enfant du divorce avec sa valise), c’est une façon de mettre tout le monde à son service. On peut aussi se complaire dans la situation et vouloir se faire plaindre. Une démarche très auto-centrée. Vous voyez bien que derrière le « on reste pour les enfants » se cachent des raisons plus personnelles ».