Le temps d’une capsule inédite, H&M et Mugler se retrouvent. L’occasion pour nous de donner la parole à celui qui pilote la maison française, Casey Cadwallader. La directrice a donc fait le choix de pérenniser cette grande tradition qui existe depuis 2004 : les collaborations H&M. Une idée originale du couturier aujourd’hui décédé, Karl Lagerfeld. On vous livre cet échange très enrichissant avec Casey Cadwallader.
Comment s’est déroulé le processus créatif de cette capsule avec H&M ?
« Pour de nombreuses pièces, nous avons utilisé les mêmes matières que celles nécessaires habituellement à la confection des collections Mugler. Dans d’autres cas, nous les avons réimaginées afin qu’elles soient plus rentables ou plus respectueuses de l’environnement. Durable à hauteur de 67 %, cette collaboration est la plus écoresponsable de toutes celles initiées par H&M depuis 2004. Le processus créatif s’est déroulé de manière organique, tout a débuté en répertoriant mes pièces préférées issues des saisons précédentes, des archives et celles qui avaient rencontré un succès tout particulier jusqu’à aujourd’hui. Et puis, je savais que je voulais vraiment travailler le denim et le Lycra, les matières les plus populaires chez Mugler. Le principal objectif de cette collaboration était d’être capable d’offrir une mode Mugler authentique à tout le monde ».
En quoi cet exercice a-t-il fait évoluer votre vision pour Mugler ?
« Ma stratégie chez Mugler a toujours résidé dans les coupes, très franches, parfois trop. Depuis le début, nous avons essayé de capter l’attention d’une nouvelle audience, de surprendre. Mugler, c’est une mode pour sortir. Mais j’aimerais faire davantage de prêt-à-porter et cette collaboration avec H&M est un coup de pouce pour se diversifier. Je suis fier notamment d’avoir travaillé sur cette chaîne de corps que nous ne pouvions pas produire chez Mugler, de par sa complexité et parce que nous ne pensions pas qu’elle fonctionnerait commercialement. On l’a fait, et je dois dire que j’ai hâte de voir porter ces vêtements par des hommes, aussi ! »
Pourquoi ne pas simplement créer un vestiaire unisexe ?
« Je peux aujourd’hui faire de l’homme chez Mugler, mais de manière non officielle. J’ai toujours porté une attention toute particulière à ce que les vêtements féminins soient cool sur les hommes, et inversement. Et c’est assez drôle car souvent, je trouve que les vêtements du vestiaire masculin subliment les femmes parce qu’ils ne leur vont pas exactement comme il faudrait. J’aimerais préserver cela à l’avenir. Pour les pièces masculines de cette collaboration avec H&M, j’ai réinventé une chemise vintage que je m’étais offerte il y a très longtemps et que j’ai toujours voulue en blanc, donc cette démarche créative était aussi très personnelle ».
Comment adapte-t-on l’identité d’une maison de mode pour une marque high street?
« Nous évoluons forcément sur des marchés différents. Chez Mugler, il s’agit souvent de repousser toutes les limites créatives et, avec H&M, je voulais naturellement ne pas faire la même chose. Bien sûr, il était question de sensualité exacerbée, très Mugler, dans toute son essence… Et cette vision est venue naturellement pour moi ! J’ai débuté cette capsule avec une robe, LA robe. Je savais qu’elle serait le point de départ de ce projet, notamment parce qu’elle est très populaire ces derniers temps et que notre audience est très excitée à l’idée de pouvoir mettre la main sur ce modèle. Mais je l’imaginais un peu plus audacieuse, très Manfred pour cette capsule avec H&M ».
« Il y a aussi le costume avec les chaînes. J’aime le fait qu’il soit rose, s’il avait été noir, on aurait eu cette impression déjà vu. En rose, c’est mignon, féminin et un peu coquin aussi ! C’est évident que j’ai beaucoup pensé à ce que Manfred aimait. Et puis, David Bowie fait indéniablement partie de l’histoire de Mugler, donc on a voulu réinterpréter le costume vert citron que Manfred avait fait pour lui à l’époque, parce que je sais qu’il était très fier de travailler avec David Bowie. Depuis vos débuts chez Mugler, vous mettez un point d’honneur à célébrer la diversité et l’individualité ».
Comment cela s’est-il traduit au fil de cette capsule?
« L’idée était de rester sur cette même voie, en explorant de nouvelles possibilités. Nous avons notamment développé deux teintes de tulle, adaptées aux différentes carnations. Et la campagne rassemble un éventail de personnalités éclectiques dont je suis fier, parce qu’elle reste fidèle à la vision de Mugler comme à celle de H&M, à bien des égards. L’inclusivité se traduit par une attraction naturelle pour les gens et leur singularité. Mais cela, nous voulons le faire sans avoir besoin de le souligner ».