À la suite d’un divorce ou d’un chagrin d’amour, on a très souvent du mal à se remettre, entre nuits en pleurs, mines tristes et dépressions, difficile de retrouver le sourire. Chacun trouve un réconfort comme il peut. Pour certains c’est en sortant, en voyageant, faisant du sport ou en regardant des films. Mais est-ce que regarder des films peut vraiment nous guérir du chagrin d’amour ? Existe-t-il des films qui soignent une dépression ? Plusieurs femmes et même certains hommes qui ont réussi à retrouver la paix intérieure grâce à des films témoignent.
Le 7ème art est un véritable remède thérapeutique au chagrin d’amour !
Nathalie Faucheux, auteure du livre Cinémathérapie, quand les films font du bien (Enrick-B-Editions, 2019), explique en quoi le cinéma impacte sur les douleurs amoureuses. « Je rêve depuis toujours en cinémascope », confie-t-elle. Avant de continuer : « Ce ne sont pas des films good movies, mais ceux qui m’inspirent, m’influencent ou me livrent un mode d’emploi pour vivre. Ils me soignent comme un traitement contre ce qui me fait souffrir ou m’incitent à modifier mon comportement. »
La romancière et scénariste, va même plus loin : « Depuis Mary Poppins, le tout premier film que j’ai vu au cinéma, je n’ai cessé d’envisager les films comme un remède à mes problèmes ». Elle va se servir de son expérience pour soulager d’autres. Nathalie Faucheux va projeter pour des prévenus La 25e heure de Spike Lee. À la suite de quoi elle va affirmer que « Ça a été un outil très efficace de libération de la parole, se souvient-elle. Pourtant, il est rarement utilisé ici alors qu’il l’est couramment aux Etats-Unis ou au Canada ».
Un antidote à la séparation
Dans le cas de Corinne, le cinéma a été pour elle une sorte de baume qui a agi sur elle alors qu’elle n’avait que 8 ans et qu’elle vivait très mal le divorce de ses parents. La petite fille va donc trouver du réconfort dans l’E.T de Steven Spielberg qu’elle a vu deux fois à l’âge de 8 ans. « Face à moi sur l’écran, quelqu’un qui vivait la même chose que moi. Comme Elliott, j’habitais avec ma mère qui ne parlait pas de la séparation et dont je devais souvent me coltiner la tristesse en plus de la mienne, se souvient-elle. Je me sentais si seule que, comme lui, j’ai eu besoin de me réfugier dans le merveilleux, le surnaturel tout en apprenant à apprivoiser une situation qui m’était étrangère ». Au Noël suivant, Corinne reçoit un E.T qu’elle a longtemps gardé comme doudou et offert à son fils quand elle lui a montré le film. « Et j’ai pleuré aux mêmes endroits que lorsque j’avais 8 ans », souligne-t-elle.
Pour Marie, le déclic s’est fait grâce à une scène d’India Song de Marguerite Duras qui l’a aidée à survivre à la séparation de ses parents. « Leur divorce a été violent. J’étais une petite fille confiante, aimée, qui vivait dans un confort bourgeois agréable et brusquement, j’ai basculé dans une autre zone incertaine, déclassée. Après ça, je n’ai plus jamais été la même. Je suis entrée dans un état de résistance qui devait absolument être tu. J’avais 3,5 ans peut-être, je me vois encore dans l’embrasure de la porte du salon, en état de sidération devant Delphine Seyrig descendant un escalier. J’ai eu une révélation : je me suis sentie exactement dans le même état d’esprit qu’elle et ce choc m’a éclairé sur la personne que j’allais devenir ».
Un remède à la dépression
Malheureusement, pour d’autres, les films réveillent plutôt leur chagrin avant de le guérir. C’est le cas de Jules qui sera marqué par une scène : « Celle où Betty est prostrée couverte de sang après s’être énucléée, j’ai compris plus tard qu’elle me rappelait ma mère, assise par terre, couverte de larmes après son divorce et ce sentiment d’impuissance que j’avais face à sa tristesse immense », raconte-t-il. « Après une thérapie, j’ai su qu’elle venait de mes chagrins d’enfance pas assez pris en compte. Là, sur l’écran, la métaphore était trop forte pour y résister. Je n’ai jamais revu le film, j’en suis incapable », conclut-il.