Dans cette magnifique vallée de montagne, il est redevenu professeur de sport, comme les années précédentes. Pourtant, cet été, il est devenu l’un des auteurs les plus populaires de France, tout cela grâce à son chien.
Ubac, le compagnon de vie
Dans son livre intitulé « Son odeur après la pluie », publié à la fin du mois de mars, Cédric Sapin-Defour partage son histoire avec Ubac, un bouvier bernois imposant pesant 45 kg, enveloppé d’un épais pelage. Ubac l’accompagnait partout, que ce soit dans la nature, les cafés, ou même en classe.
Cédric l’avait adopté lorsqu’il était jeune, à l’âge de 28 ans. Quand Ubac est décédé de vieillesse un jour de juillet 2017, Cédric Sapin-Defour était transformé, se sentant « plus épais, plus vivant, plus protégé. Ubac m’a rendu conscient de l’importance de notre relation, prêt à affronter le monde. »
Une amitié extraordinaire
Au cours de ces treize années de compagnonnage entre deux espèces différentes, l’être humain sur ses deux jambes est devenu, grâce à son ami canin à quatre pattes, « plus sensible à la beauté du monde ». Ce récit philosophique a touché de nombreuses personnes. Bien que le livre ait une écriture singulière et demande une lecture attentive, il s’est propagé de la manière la plus simple qui soit, par le bouche-à-oreille, de voisins à amis.
Mi-juillet, il avait déjà atteint 25 000 exemplaires vendus. Mi-septembre, les ventes avaient grimpé à 75 000 exemplaires, selon Stock, l’éditeur du livre, qui a procédé à quatorze réimpressions après un premier tirage de 4 300 exemplaires. « Son odeur après la pluie » est également en lice pour le prix Renaudot essai.
Un succès inattendu
Cédric Sapin-Defour est encore étonné par le succès de son livre. Il ne s’y attendait pas du tout, ce qui était préférable, car à l’époque, il ne se concentrait que sur les mots en écrivant. Quant aux raisons de cet engouement, il préfère rester prudent. Il pense que les amoureux des chiens ne sont pas les seuls à être touchés.
« Les lecteurs disent qu’ils sont émus par cette relation d’amour, un lien à la fois intime et universel. Leur Ubac à eux peut être un chien, un perroquet, voire un ex-mari… »
L’amour pour les non-humains
Il estime également que certaines personnes trouvent dans son livre « une autorisation à exprimer leur amour pour un être non-humain, souvent réprimé par la crainte du ridicule. » « À la vie, à la mort », comme le diraient les enfants.
Une relation spéciale
La disparition d’Ubac a plongé Cédric dans un profond désespoir. Cependant, il tient à préciser que son chien n’était pas un substitut pour d’autres êtres, que ce soit un être humain ou un enfant. Sa compagne, Mathilde, est entrée dans sa vie peu de temps après qu’il ait adopté le bouvier bernois. « Ubac n’est pas venu pour remplacer qui que ce soit. C’est une relation différente, avec une part de mystère plus grande, car il faut apprendre et construire un langage unique pour comprendre l’animal ».
La spontanéité d’Ubac
Ubac a aidé Cédric à ouvrir son cœur. « Vivre au quotidien avec un être qui ne cache jamais ses émotions vous encourage à ne plus cacher les vôtres par fausse pudeur. Un chien est d’une spontanéité totale, sans calcul ni stratégie. Il vit l’instant présent, sans se soucier du temps, comblant chaque minute sans en affecter la suivante. En réalité, cela remet les choses en perspective ! »
Respecter l’originalité des animaux
Cédric n’a jamais confondu l’homme et l’animal. Il estime qu’il est essentiel de considérer les animaux pour ce qu’ils sont, avec leur singularité et leur unicité, plutôt que de les voir comme une extension de nous-mêmes. Son livre raconte comment Ubac, ce diffuseur de joie immédiate et de bonheur durable, a « ensauvagé ses jours ». C’est pourquoi, six ans après la mort d’Ubac, il a décidé d’écrire un livre « Je voulais passer du temps avec Ubac une fois de plus ».