Après 10 ans de relation, Anne se sent à l’étroit et veut quitter son époux, Vianney. Une histoire d’amour qui avait pourtant bien commencé, mais peu à peu, les sentiments se sont effrités, et la jeune mariée âgée de 35 ans a fini par se lasser : « c’est un peu comme ça que je nous vois, Vianney et moi : quelque chose de mort ». Elle livre aujourd’hui un témoignage sur ce qu’elle traverse.
« J’avais l’impression que les chaussettes sales qui traînent ne me concerneraient jamais »
« Quand j’ai rencontré Vianney, je ne dirais pas que j’étais « inexpérimentée ». J’avais eu plusieurs aventures, mais je ne connaissais pas grand-chose du couple. Je n’étais jamais sortie avec un homme plus de six mois et le concept de devoir « s’habituer » à quelqu’un était quelque chose de lointain ».
« Très lointain, même. J’entendais mes copines faire des blagues sur les chaussettes sales qui traînent, le bidon du petit copain… Je riais de manière sociale, mais ça ne me parlait pas vraiment. J’avais l’impression qu’on parlait de choses qui ne me concerneraient jamais », explique Anne, parlant de sa rencontre avec son époux.
« Je ne me projetais pas vraiment avec lui, mais c’était le moment »
« Avec le recul, je ne dirais pas que Vianney et moi matchions parfaitement, mais plutôt qu’il est arrivé au bon endroit et avec le timing parfait. Je commençais un vrai travail en CDI, je cherchais à quitter ma colocation. Je ne me posais pas la question de savoir si c’était le bon ».
« Je ne me projetais pas vraiment avec lui, mais quand il a voulu qu’on s’installe ensemble, cela m’a paru être la chose à faire à cet instant de ma vie. C’était le moment. Je ne me suis donc pas opposée, j’ai accompagné le mouvement. Tous les indicateurs étaient au vert, j’allais donc tester ‘‘le couple’’ ».
« Je n’ai pas vraiment de souvenirs de mon mariage »
« Avec lui, au début, ça n’allait pas si mal, on rigolait beaucoup et, comme il est très cultivé, il me faisait découvrir des choses auxquelles je n’étais pas habituée : le théâtre, les sorties. C’était plaisant ».
« On s’est même mariés en Italie, car une partie de sa famille vit là-bas. La fête était magnifique, tout le monde était heureux. Étrangement, je n’ai pas vraiment de souvenirs de ce jour-là… Mais j’ai de belles photos ».
« C’est très dur de remettre en cause ses propres choix, même lorsqu’on les a faits par défaut »
« Cependant, déjà, à cette époque, je sais que je n’arrivais pas vraiment à passer la seconde. J’aimais ma vie chez moi, mais je trouvais la partie « couple » décevante… sans doute sans vraiment me l’avouer. C’est très dur, je pense, de remettre en cause ses propres choix, même lorsqu’on les a faits par défaut ».
« Sur le plan sexuel, tout était très mécanique, codifié. Que ce soit le moment où l’on faisait l’amour ou bien la manière de le faire. Je ne dirais pas que ça me frustrait, mais j’en étais consciente ».
« On a arrêté de faire l’amour, comme ça, sans transition »
« Les années se sont enchaînées et j’ai le sentiment de ne pas les avoir vues passer. Ma vie se développait d’un point de vue professionnel, amical, mais en dehors de mon couple qui, lui, stagnait. Nous vivions de beaux moments, notamment en vacances, car nous partions souvent loin (lui et moi gagnons bien notre vie), mais ça restait sans relief ».
« Et puis, Vianney a commencé à aller mal. Je ne sais pas quand ça a commencé, mais on passait de moins en moins de temps ensemble. On partageait les contingences du quotidien et c’était tout. Ensuite, on a arrêté de faire l’amour. Ça s’est fait comme ça, sans vraie transition. Un jour, on a arrêté, c’est tout ».
« Nous étions devenus de simples colocataires »
« À ce moment-là, je me suis dit qu’il me trompait. Je n’éprouvais pas vraiment de jalousie, ni rien. Lui me disait qu’il avait des problèmes au boulot, moi je me suis juste dit « il me trompe ». Et la seule chose qui m’ait interpelée, c’est « s’il le fait, pourquoi pas moi ? ». Ça a été un vrai déclic. J’ai compris qu’il n’y avait plus d’attirance, plus de réelle volonté d’être ensemble. Nous étions devenus de simples colocataires ».
« À partir du moment où j’ai compris que je me fichais qu’il aille voir ailleurs (que ce soit vrai ou pas), je me suis mis à nous regarder, me regarder, le regarder. Vraiment. Et c’était horrible, Je me suis demandé comment j’avais pu tenir aussi longtemps avec lui ».
« Il ne fait aucun effort, s’habille mal, ne fait rien à la maison ».
« Il ne fait aucun effort, en tout cas pas le quart des efforts que je produis, moi, pour m’entretenir un minimum, s’habille mal, ne fait rien à la maison. Je ne me souviens pas de la dernière fois où nous avons fait quelque chose d’un peu spontané. Et je ne parle pas de Vianney qui, subitement, dit ‘‘et si on faisait les comptes ?’’ ».
« Tout son corps semblait s’être affaissé, aussi. J’essayais de m’imaginer refaire l’amour avec lui et ça paraissait subitement inenvisageable, comme si je n’avais jamais vu ce corps, nu, des milliers de fois ».
« Voilà où j’en suis désormais. Toujours en couple avec un étranger ».